🚨🦋 NOMBRE DE LITS A L’HOPITAL🦋🚨
Je remet ici un sujet qui revient souvent : « Y’a qu’à ouvrir des lits, on a démoli l’hôpital public ».
Alors oui, mais non.
Explication.
Pour l’anecdote, c’est un truc que j’ai cru aussi au début du Covid : « si nos hopitaux sont surchargés, c’est parce qu’on a supprimé des lits pendant des années ».
Alors, pour étayer mes propos, j’ai cherché… Et j’ai eu une surprise !
Vous êtes prêt ?
⤵️C’est parti ! ⤵️
D’abord, il est d’un incroyable cynisme de dire que « y’a qu’à ouvrir des lits ».
Si pouvoir soigner, c’est bien, n’est-il pas mieux d’éviter de devoir aller à l’hôpital ? Donc limiter les risques: d’infection 😷 et d’aggravation 💉
➡️ Vaccin + Gestes barrières ⤵️
Mais pour le reste…
Il faut comprendre qu’un lit d’hôpital c’est pas juste un meuble Ikéa 🛏️. C’est une place plus ou moins équipée (et du personne ! j’y reviendrais) en fonction du service : un « lit » en maternité 👩👦 n’est pas un « lit » de réanimation ! 🫁
Et il n’y a pas que la différence entre les services.
Il y a aussi les différents types d’hospitalisation:
– Les hospitalisations « complètes », avec hébergement à l’hôpital (et donc, réellement, un « lit » !) 🌃🛏️
– Les hospitalisations partielles, qui durent moins de 24h 💺⏲️
Donc une fois ceci posée, la question est: quels sont les lits qui ont été supprimés ?
Réponse auprès de la DREES:
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/2020-10/er1164.pdf [PDF]
On voit que la baisse du nombre de lits concerne les lits d’hospitalisation complète !
En revanche, le nombre de lits d’hospitalisation partielle augmente.
Et c’est logique, car l’amélioration des techniques médicales permet des soins sans besoin d’hospitalisation longue
Par exemple il y a 30 ans, un changement de valve cardiaque nécessitait d’ouvrir le thorax. Mais en 2002 a eu lieu le premier TAVI : https://reseau-chu.org/article/tavi-lhistoire-dune-innovation-mondiale-nee-a-rouen-qui-a-revolutionne-la-chirurgie-cardiaq/
En 2016, l’opération s’est faite en ambulatoire:
Et c’est pas finit !
Plus fort encore: en 2018, on a pu réduire la quantité de médicaments anesthésiant en les combinant avec l’hypnose.
Toutes ces techniques, et d’autres, participent à avoir moins besoin d’hospitalisation longue
https://reseau-chu.org/article/un-homme-de-88-ans-opere-du-coeur-sous-hypnose-une-1ere-a-lille/.
Donc puisqu’il y a moins besoin de ces lits, on les supprime (les garder, vides, ça coûte inutilement de l’argent !) et on les remplace par ce dont on a besoin: des places en hospitalisation partielle.
Et comme l’hospitalisation partielle est moins longue, on a besoin de moins de places: par exemple, si un soin nécessitant une hospitalisation de 24h n’a désormais besoin que d’une place pendant 6h, alors 4 places « complètes » peuvent être remplacés par 1 seule place « partielle ».
[C’est un exemple hein. Si on considère que l’hospitalisation partielle ne se fait que de jours (pendant 12 heures); ça fait quand même encore que une seule place de « partielle » qui prend 6h peut remplacer 12/6 = 2 places de « complètes »]
🫀 CONCERNANT LES SOINS CRITIQUES
Là encore, depuis 2013, on a AUGMENTE le nombre de places !
Et pas qu’un peu !
– Surveillance continue 7569 → 8217 : +8,6%
– Soins intensifs : 5398 → 5954 : +10,3%
– Réa : 5369 → 5433 : +1,2%
Jusqu’à +10% d’augmentation donc. Sachant que les soins intensifs et continus peuvent être convertis en réanimation: c’est ce qu’il s’est passé pendant le Covid en 2020 ⤵️
Et dans le même temps, la population française, elle est passée de 66M à 67,25M soit « seulement » +1,9%
🦠 ET LE COVID DANS TOUS ÇA ? 🦠
On a beaucoup entendu parler des réa.
Et il y a eu aussi des besoins en soins critiques en général.
Mais, en tous les cas, un Covid ne va pas en hospitalisation complète en maternité ou en gastro-entérologie 💩 ! Il va en soin critiques.
En conséquence, évoquer « la diminution du nombre de lits » pour critiquer la gestion du covid, c’est hors-sujet.
Il y a sûrement pleins de points critiquables dans la gestion de cette crise sanitaire, mais celui-ci est hors sujet.
>> « Hmmm… Je sors un temps de ma dégustation de fromage 🧀 Parce que, dit, Chat Noir, quand même, on aurait dû garder des lits justement pour gérer une crise comme celle-là ?! »
Oui Plagg… Mais c’est pas si simple que ça…
Comme on l’a dit, un lit d’hospitalisation, c’est pas juste un meuble Ikéa.
C’est du matériel ET du personnel.
Et c’est particulièrement vrai en soin critique, et plus encore en réanimation : matériel de pointe, personnel très qualifié…
Et tout ça, ça a un coût 💶💶
En plus, laisser juste 10% de lit vides n’aurait pas suffit: on a vu des régions avec des taux d’occupation de 160% !
Ce qui signifie que pour un service de 20 lits par exemple on a dû en ajouter 12 supplémentaires !
https://gouvernement.fr/info-coronavirus/carte-et-donnees#situation_hospitaliere_-_taux_d_occupation
Et ça rien que pour le Covid ! 🦠 Comme il y avait d’autres patients non-Covid à traiter quand même (malgré les reports de soins autant qu’on a pu), il est probable que le taux d’occupation soit monté jusqu’à 200%, c’est à dire qu’il a fallut *doubler* le nombre de places
Autrement dit, ça veut dire que pouvoir gérer ce genre de crise sans avoir à créer d’urgence des lits supplémentaire, sans surcharger les services de soin critique, il faudrait avoir, EN PERMANENCE, 50% DE LITS VIDES !
Or on l’a dit, un lit, c’est du matériel de haute technologie et du personnel qualifié… Tout cela a un coût 💶 , qu’il faudrait donc assumer… tout ça pour pouvoir gérer une crise qui a 1% de risque d’arriver ??
Donc le plus raisonnable, c’est d’agir « normalement » en utilisant les places qu’on a. Ho on peut bien en laisser pour les petites crises récurrentes (grippes…) mais dans l’ensemble, on utilise les places qu’on a.
Donc on agit « normalement »…
**ET**
on prévoit des plans d’urgence en cas de nécessité genre grosse loose (crise sanitaire type Covid ou crise ponctuelle genre 13-Novembre)
A l’hôpital, il y a pour ça le « plan blanc » 👨⚕️👩⚕️🩺
— POINT POLITIQUE —-
>> « Tout va bien à l’hôpital alors ? Je peux retourner à mon fromage ? Moi qui croyait que les soignants manifestaient parce que c’était la galère… »
Le vrai problème de l’hôpital, outre des locaux qui font parfois un peu peur, c’est un problème de PERSONNEL.
On manque de personnel. Médecins, IDE, AS…
Résultat : le personnel (mal payé, vive le public) doit faire en plus des heures à rallonge.
Là est le vrai problème.
Pourquoi ce problème ?
Pour ce qui concerne les médecins c’est assez clair : le numérus clausus qui date de 1971 limite (fortement) le nombre d’étudiants qui peuvent suivre (à l’issue de la 1ere année) les études de médecine
Pour l’histoire; voir wiki :
>> « Mais alors Chat Noir, il suffirait d’augmenter et de supprimer ce Numerus Clausus » ??
Oui Plagg, « y’a qu’à »… Et de fait, il est maintenant supprimé… Mais les effets ne vont pas se faire sentir tout de suite :
1. Il faut 10 ans au moins pour former un médecin, Les effets ne se verront donc pas avant 10 ans voire plus.
2. Les facs de médecines doivent être en mesure de pouvoir accueillir tous ces étudiants, ainsi que les structures de soin pour leurs stages. Et c’est pas gagné
Il va donc rester pendant encore quelques temps une limitation « logistique » qui ne pourra être absorbée qu’avec le temps.
Et aux médecins il faut aussi ajouter les infirmier(e)s et aides soignants, ainsi que tous les soignants spécialisés (réa, anesthésistes, etc.)
Bref le problème il est HUMAIN (augmenter personnel et salaire, diminuer le temps de travail pour ne pas avoir de soignants qui travaillent 90h par semaine)
Ce n’est pas juste un problème de « lit ». Et pas concernant les besoins de soins critiques.
Bref. J’espère que cette fois c’est clair.
Qu’on ne ressorte plus le cynique « y’a qu’à ouvrir des lits d’hôpitaux »…
Moi je m’en vais reprendre un verre de lait pour m’en remettre tiens. Non, ce sera même un double-lait.
Bonus : fichier XLS de l’évolution des places en soin critique :
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