Non, on n’a pas « tué les vieux »
#Rivotril #soinspalliatifs #psychiatrie #epilepsie
Les benzodiazépines ont été découvert dans les années 1950/60, remplaçant quasi totalement les barbituriques car moins dangereux pour la santé. Tout le monde les connait: Lexomil? Seresta?….
Il en existe une cinquantaine. On les regroupe ensemble car ils ont le même effet et donc les mêmes effets secondaires. Ce qui les différencie, c’est la dose nécessaire pour l’efficacité, la vitesse d’action, et la durée d’action. Ainsi, chaque molécule a ses indications.
Certaines pour calmer l’angoisse, d’autres contre l’épilepsie, d’autres pour endormir, d’autres pour réaliser des soins traumatiques… Les benzodiazépines ont de nombreux effets secondaires, parfaitement connus.
Les benzodiazépines ont souvent été détournés. Objet de trafic pour une utilisation non médicale, récréative associés à d’autres substances. C’est pourquoi les molécules les plus puissantes sont strictement encadrées et tous sont soumis à prescription médicale.
Ainsi, certaines benzo’ ne peuvent être prescrite que dans des cadres précis, avec pour certaines uniquement certains médecins spécialistes qui ont l’autorisation d’en prescrire. Certains ne sont disponibles que dans des pharmacies hospitalières. Bref c’est ENCADRÉ!
Les effets secondaires: somnolence, chute, trouble du sommeil… dépendance, accoutumance! myasthénie (fatigue musculaire), ET c’est un dépresseur respiratoire=cela ralentit le rythme respiratoire.
Donc effectivement l’insuffisance respiratoire sévère expose à une hypoxie. Quand on manque d’air, on accélère son rythme respiratoire. Donc le ralentir, cela peut faire baisser le taux d’oxygène chez quelqu’un dont le système respiratoire est gravement dégradé.
Tout comme un grave surdosage expose à des risques. C’est un effet archi-connu par tout pro qui manipule ces molécules. Mais oui on en donne quand même dans certaines situations d’insuffisance respiratoire. Mais pourquoi ? Spoiler: titrage et surveillance.
Cet effet dépresseur respiratoire est mesurable et gérable. Dans le cadre d’une hospitalisation en soins intensifs, l’ensemble des paramètres sont ajustés pour compenser si nécessaire. Et c’est la dose qui fait tout.
Titrage : augmentation progressive afin d’obtenir la dose minimale efficace selon l’objectif à atteindre. C’est une méthode qui est utilisée pour beaucoup de médicaments, pas seulement les benzodiazépines. Que se passe-t-il quand quelqu’un est en détresse respiratoire ?
Il va augmenter sa fréquence respiratoire. Cet état est angoissant. Et l’angoisse aggrave l’état, et est très difficile à vivre. Les benzodiazépines (associé ou non à la morphine qui est aussi un dépresseur respiratoire) sont une solution pour ralentir la respiration…
…Et soulager le patient (si cela intéresse encore quelqu’un). Donc oui, l’insuffisance respiratoire est une contre-indication des benzodiazépines. Mais dans la détresse respiratoire, terminale ou non, ce sont les benzodiazépines qui sont indiqués.
Il ne suffit pas de savoir lire la version grand public du Vidal, pour avoir fait médecine. Le clonazépam (Rivotril) a été largement détourné car il est puissant à faible dose… donc « économique » pour se droguer. Il est devenu réservé à l’épilepsie de l’adulte et l’enfant.
Dans le cadre d’une épidémie majeure de détresses respiratoires, les molécules réservées à cet usage ont été vite denrées rares. Ainsi, un décret a ouvert l’usage du clonazépam à titre exceptionnel pour les détresses respiratoire en médecine de ville (EHPAD et domicile).
Utilisé avec titrage et surveillance, comme nous le faisons toujours depuis le début de ma carrière où j’administre des benzodiazépines en mon âme et conscience, le plus souvent sous protocole (= j’évalue l’état et la nécessité de la dose prescrite si besoin).
J’ai accompagné beaucoup de fins de vie, dont beaucoup avec des gros retentissement respiratoires. Et rien n’a changé dans nos prises en charge et personne ne nous dit comment, et quand soigner nos patients. Seuls les moyens et le temps manquent.
Le système de soins s’effondre et on laisse croire que des soignants ont injecté sous ordre des produits mortels. En 20 ans, je n’ai jamais assisté à une mort induite par les benzodiazépine (associé ou non à la morphine).
Les benzodiazépines sont un des médicaments les plus consommés dans le monde. Ce n’est pas un médicament anodin, mais cela reste un médicament courant et maîtrisé.
J’ai voulu vulgariser au maximum. J’ai pu faire des erreurs ou des oublis (je ne suis pas fiable actuellement 😅 ) donc corrigez moi si besoin. Cela me servira de réponse systématique à toute attaque à ce sujet.